Deprecated: wp_make_content_images_responsive est obsolète depuis la version 5.5.0 ! Utilisez wp_filter_content_tags() à la place. in /srv/www/bondyblog/bondyblog-preprod/web/wp/wp-includes/functions.php on line 5083
“Madame, on va pas se mentir, c’est mieux d’être un garçon !” - Bondy Blog
Notice: WP_Scripts::localize est appelée de la mauvaise manière. Le paramètre $l10n doit être un tableau. Pour transmettre des données arbitraires aux scripts, utilisez plutôt la fonction wp_add_inline_script(). Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 5.7.0.) in /srv/www/bondyblog/bondyblog-preprod/web/wp/wp-includes/functions.php on line 5535

Mardi 16 janvier. Jour 1. Il n’est pas encore 15 heures mais certains d’entre eux patientent déjà au CDI. Ils arrivent nombreux après la deuxième sonnerie qui sonne la fin de la récréation. Ils, ce sont les 34 élèves de la classe de 1ère PSTMG5 du lycée Robert-Schuman.

Cet atelier est le premier d’une longue série, réalisée dans le cadre d’une résidence que j’ai menée au Républicain Lorrain grâce au concours de la Direction régionale des affaires culturelles Grand Est et de l’association « Le Livre à Metz ». L’objectif : enquêter sur la question de la place des femmes dans la société. Vaste sujet !

Quand on est une fille, on doit faire attention à notre réputation. Si j’étais un mec, je ferais ce que je veux !

Ce premier échange est l’occasion de faire connaissance et d’entrer dans le vif du sujet. Je les questionne, beaucoup, ils me répondent : « Madame, vous posez trop de questions » ! Je les bouscule, les provoque gentiment. Ils se prennent très vite au jeu, sont réceptifs, curieux, veulent qu’on les entende. Nous débattons du foot féminin, des frontières entre morale et loi, des stéréotypes sur les habitants des quartiers populaires. Nous parlons du quartier Borny situé à quelques pas du lycée et où vivent certains élèves de la classe ou encore de la Thaïlandaise Nong Rose, première personne transgenre à avoir participé à une compétition de boxe en France le 8 janvier 2018.

La réflexion se prolonge sur les supposés avantages et inconvénients qui existeraient lorsque l’on est une fille. Le ton est donné dès les premières réponses. « Madame, on va pas se mentir, c’est mieux d’être un garçon ! », lâche une élève. « Quand on est une fille, on doit faire attention à notre réputation. Si j’étais un mec, je ferais ce que je veux ! », surenchérit une autre.

C’est pas parce qu’on est en STMG qu’on a rien à dire

Ce qui me marque dès le départ, c’est leur envie presque urgente de s’exprimer et leur volonté de prendre part au débat. Ils ont un avis, souhaitent témoigner, partager. Ils s’écoutent les uns les autres, ne sont pas tous d’accord mais respectent les points de vue chacun. « C’est pas parce qu’on est en STMG qu’on a rien à dire », ont-ils répété fièrement durant ces trois mois de résidence. Une élève me confiera plus tard que ces deux ou trois heures ensemble toutes les deux semaines leur offraient pour la première fois un espace d’expression libre dans ce lycée qui souffre d’une mauvaise réputation.

Le sujet, la place de la femme dans la société, reste éminemment sensible, non pas parce que nous le traitons dans un cadre scolaire avec des adolescents de seize ans mais parce qu’il cristallise la société. Cela n’a pas empêché les élèves de se révéler au fil des ateliers, de se montrer de plus en plus à l’aise, d’avoir des échanges de plus en plus bienveillants et apaisés autour de ces questions.

Le moment le plus fort de cette résidence restera sans doute ce lundi de février où les filles – élèves, enseignantes et moi-même – avons débarqué un matin toutes vêtues de jupes. La stupéfaction dans les yeux des garçons valait bien de se réveiller à 6 heures du matin ! Tout a commencé une semaine plus tôt lors d’un débat mouvant autour de cette phrase : « Une fille qui porte une mini-jupe est une fille facile ». La classe devait choisir son camp : d’un côté, le camp des « d’accord », de l’autre celui des « pas d’accord ». Les premiers étaient composés de quatre garçons, les seconds du reste de la classe. Chacun devait présenter ses arguments au centre de la salle et face au reste du groupe. Là où l’on pouvait craindre des débordements, les échanges se sont déroulés dans le respect.

Et vous les filles, exprimez-vous ! La honte doit changer de camp

À travers cet engagement pour l’éducation aux médias, on espère toujours modestement semer des petites graines dans l’esprit de jeunes citoyens en construction. Quand l’une des élèves m’affirme qu’elle a gagné confiance en elle, je me dis que le jeu en valait largement la chandelle.

Je n’ai pas trouvé meilleure conclusion que la citation d’une élève pour terminer ce billet. La jeune femme a rédigé un long billet en forme de coup de gueule pour dénoncer le harcèlement qu’elle subit presque chaque jour dans les transports en commun sur le chemin du lycée : « Si vous êtes témoin d’une scène de harcèlement de rue ou d’une agression sexuelle, n’hésitez pas à réagir. Et vous les filles, exprimez-vous ! La honte doit changer de camp. Brisons la loi du silence car plus nous serons nombreuses à témoigner, plus nous serons fortes. Plus nos voix porteront et plus ces actes seront pointés du doigt, dénoncés et condamnés ».

Selon des chiffres du ministère de l’Intérieur, 184 000 femmes sont victimes d’agressions sexuelles chaque année en France métropolitaine. Seule une victime sur 12 porte plainte.

Leïla KHOUIEL, en résidence à Metz.

Articles liés

  • Un an dans les classes de Reims : « A la fin, ils sont fiers, et rien que pour ça… »

    #BBReims, épisode 2. Pour la deuxième année, le Bondy Blog a investi les établissements rémois cette année. En partenariat avec Nova Villa, nous avons suivi trois classes de collégiens et lycéens de Reims pour une initiation aux médias et au journalisme. Arno Pedram, Anne-Cécile Demulsant et Mohamed Errami reviennent sur cette expérience.

  • « Des collégiens, Snapchat et moi » : récit saisissant d’une intervention dans une classe de 6ème

    La semaine de la presse et des médias à l'école a débuté lundi 19 mars. Pour l’occasion, Sarah Ichou, notre reporter spécialisée dans l'éducation, a rencontré des élèves de 6ème, âgés entre 11 et 12 ans et qui bien que très jeunes, utilisent déjà le réseau social Snapchat ! Récit saisissant de leurs échanges.  

    Par Sarah Ichou
    Le 20/03/2018
  • En tournée avec Alain Rebetez

    Le Bondy Blog a entamé son « Tour de France des banlieues » pour rencontrer des lycées de ZEP. Lorsque j’ai appris que le journaliste Suisse de l’Hebdo Alain Rebetez serait chargé d’intervenir dans tous les établissements, je me suis tout de suite dit : « Quelle chance il a ! » C’est vraiment une aventure formidable qui va lui arriver, de débarquer ainsi un peu partout en France pour rencontrer des jeunes et leur proposer de participer à cette grande aventure. 

    Par chou_sin
    Le 29/11/2006