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En Brandebourg, une élection sans grand gagnant - Bondy Blog
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C’est la nouvelle étape d’un mouvement attendu, presque inexorable, auquel l’Allemagne se résigne petit à petit. Ce dimanche, en Saxe et en Brandebourg, le parti d’extrême-droite AfD a réalisé des scores historiquement hauts aux élections régionales, attirant respectivement 27,5% et 22,5% des suffrages. Dans ces Länder de l’est allemand où le parti anti-système a le plus grand ancrage, la campagne avait largement tourné autour de l’AfD, de ses thématiques, de son style offensif et volontiers xénophobe et d’une question, enfin : le parti va-t-il finir en tête ?

A Brandebourg, où nos reporters ont passé la journée de dimanche, l’honneur est sauf. Le parti est deuxième derrière les sociaux-démocrates du SPD. Peut-être grâce à ceux qui, comme Katarina, 50 ans, se sont mobilisés pour éviter le pire. « Je viens de voter SPD pour la première fois, dit-elle lorsqu’on la croise à la sortie d’un bureau de vote du centre-ville de Potsdam. Aujourd’hui, il s’agit d’avantage d’un vote stratégique que d’un vote d’adhésion. Nous devons faire barrage à l’AfD, coûte que coûte ! » Comme elle, beaucoup de Brandebourgeois ont voté « utile » en faveur des socio-démocrates, qui finiront en tête avec plus de 25% des suffrages et continueront à gouverner la région.

Felix, 32 ans, est aussi de ceux-là. « L’AfD n’apporte aucune solution concrète, c’est un amas de propositions superficielles, souffle-t-il. La seule raison qui me pousse à venir ici est de stopper leur avancée avant qu’ils ne soient trop implantés en Brandebourg. » Ici, pourtant, dans ce Land oriental qui entoure Berlin, l’AfD n’est pas aussi implantée qu’en Saxe, un peu plus bas. Clyde, une jeune femme qui a voté pour les écologistes de Die Grünen, n’en pense pas moins qu’il faut être vigilant. Et pour cause : « S’ils réussissent à accéder au pouvoir, ils vont détruire le pays puis s’auto-détruire. »    

Une participation en nette hausse par rapport à 2014

Devant ce bureau de vote de Potsdam-centre, l’ambiance est, malgré ces inquiétudes, plutôt paisible. Les gens vont et viennent avec le sourire et, surtout, le bureau ne désemplit pas. On souffle la question aux assesseurs des bureaux de vote 1408 et 1409. Lesquels ne cachent pas leur enthousiasme : la participation est très élevée. Les résultats le confirmeront, 61% des habitants du Land se sont déplacés, contre environ 47% en 2014. Autant chez ses partisans que chez ses détracteurs, l’AfD a visiblement mobilisé.

Petit détour par le QG de la CDU. S’il est au pouvoir sur le plan national, le parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel a peu de chances de s’imposer ici, où le SPD gouverne même sans faire appel à lui depuis dix ans. A quelques minutes des résultats, Steffen se veut optimiste : « J’espère que le SPD récoltera les fruits de ses échecs répétés. » Militant depuis deux ans et policier dans le civil, l’homme de 57 ans attend, comme une petite centaine de personnes, les résultats du scrutin, serré dans la petite salle de conférence d’un hôtel du centre de Postdam. Il est 17h45. « J’espère que l’on pourra remplacer le Ministre-Président sortant », souffle-t-il à quinze minutes de l’échéance.

A quelques mètres de là, Clemens Viehrig, chef de file du parti à Potsdam, regrette déjà la polarisation de la campagne locale autour du duel SPD-AfD, comme s’il savait qu’elle allait lui coûter politiquement. « La CDU représente l’avenir dans cette région, martèle-t-il. Le SPD a eu 30 ans pour faire avancer les choses dans la région et ils se sont contentés de faire leur campagne en prétendant être la seule force qui peut faire barrage à l’extrême-droite. Ils sont responsables du mécontentement grandissant et de la montée de l’AfD, parce que les gens ne se sentaient plus représentés. »

Les supporters de la CDU circonspects à l’annonce des résultats

Le score de l’AfD est dur à accepter

Et puis, à 18 heures, on retient son souffle. Les animateurs de la télévision publique égrènent les résultats. CDU, 15,5%. L’assemblée pousse le même soupir de déception. Rapidement, le candidat du parti prend la parole et fait amende honorable : « Malheureusement, nous avons échoué. Vous n’êtes pas responsables. Je le suis, je suis déçu comme vous. Il ne faut pas oublier qu’ici, il y a 30 ans, se dressait encore un mur. Nous avons dit que nous souhaitions un changement de politique et nous ferons en sorte qu’il advienne. » Devant les écrans, Vincent, Ulrika  et leur fils Julien sont venus en famille assister à ce moment, « Je ne suis pas contente des résultats, se désespère Ulrika. Le score de l’AfD est dur à accepter. » Politiquement, il oblige le SPD à élargir sa coalition, celle « rouge-rouge » montée depuis cinq ans avec la gauche de Die Linke n’étant plus suffisante. Et ouvre donc la possibilité de revoir la CDU au gouvernement de l’Etat.

Mais rien ne remplace le prestige d’arriver en tête. D’abord parce que c’est des rangs de ce parti que l’on tire l’identité du président du Landtag, rôle hautement politique et symbolique. Le parti qui remporte l’élection peut proposer, de facto, un candidat au poste, c’est notamment ce que prévoit le règlement intérieur du Landtag de Brandebourg, qui fut révisé pour ajouter cette subtilité. Or, le Président proposé doit être élu par la chambre, qui, selon la coalition formée, peut choisir de ne pas entériner la proposition faite. Ce cas aurait pu donc mal tourner en cas de victoire de l’AfD et de proposition d’un président d’extrême-droite. Et si les députés élus résistaient et refusaient d’élire ce président, malgré l’obligation votée en ce sens par tous les partis ? Déjà, les juristes se penchaient sur cette hypothèse inédite.

Il n’en sera finalement rien et la CDU devrait se contenter de sièges de députés et, peut-être, de quelques maroquins de ministres. Ce qui ne sera même pas le cas des libéraux du FDP, faute d’atteindre la barre fatidique des 5% qui permet d’entrer au Landtag. On passe une tête à leur soirée, au rez-de-chaussée de l’hôtel Mercure. On y croise Marcel, 17 ans, qui relativise : « Sincèrement, je ne vois pas comment nous aurions pu mieux faire. Je suis très triste de notre score mais j’espère qu’on s’en relèvera. » Plus loin dans la salle, Jeff se tient au pas de la porte d’entrée. L’impression que les résultats l’effraient et qu’il n’attend qu’une occasion pour partir : « Je ne comprends vraiment pas ce résultat. Je pense sincèrement que nous avons fait la meilleure campagne mais cela n’a apparemment pas porté ses fruits. » Il s’éclipsera bien, quelques instants après.

Et maintenant, le temps des négociations est ouvert

Hasard des réservations d’hôtel, les Verts font la fête au même endroit que les libéraux. Si leur score n’est pas aussi haut que certains sondages l’annonçaient, Die Grünen s’imposent tout de même comme une force majeure du paysage, forts de leur 10,7%. En nous entendant commenter ces résultats, une femme s’approche de nous : « Vous parlez français ? » La discussion est amorcée et notre interlocutrice se présente.

Eva Quistorp, 74 ans, ancienne députée européenne et membre de la génération qui a fondé Die Grünen ici en Allemagne. Entre deux bises à tous ceux qui passent et quelques anecdotes sur Daniel Cohn-Bendit ou Angela Merkel qu’elle connaît bien, l’ancienne élue dit sa fierté : « Je me sens comme une grand-mère très heureuse. J’adore la nouvelle génération, surtout la co-présidente du parti, Annalena Baerbock ! Venez, je vais vous la présenter ! »

On finit par coincer Baerbock entre deux ascenseurs, après une dizaine de minutes passés à répondre à la presse allemande. « Nous sommes heureux de ce résultat, nous dit-elle. Nous avons quasiment doublé notre score par rapport à 2014 ! ». Et la dirigeante du mouvement de regretter le « vote utile » dont les siens ont souffert : « Il y a des gens qui sont venus me voir en me disant qu’ils auraient aimé voter pour nous mais qu’ils étaient effrayés par la montée de l’AfD et qu’ils avaient préféré voter pour le parti le plus fort, le SPD. »

Pas question de tacler les deux pieds décollés les sociaux-démocrates arrivés en tête, toutefois. En Allemagne, les ennemis d’aujourd’hui sont souvent les amis de demain, dans un système où les coalitions se font et se défont. « Cela me satisfait beaucoup que l’AfD ne soit pas en tête dans notre région aujourd’hui. Quant à nous, nous allons faire en sorte de peser et de participer aux échanges gouvernementaux, pour qu’il y ait du changement sur les enjeux climatiques. C’est au parti le plus fort de nous inviter à discuter. »

Soraya BOUBAYA, Eugénie COSTA, Mohamed ERRAMI, Amine HABERT, Latifa OULKHOUIR, Paloma VALLECILLO.

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