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« Le mythe de la virilité » : dernière chronique d’une aliénation - Bondy Blog
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Depuis #MeToo et #BalanceTonPorc, nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui pensent que nous sommes passés à une nouvelle ère, qu’il y a eu un « avant » et un « après ». Je pense au contraire qu’il n’en est rien, du moins au niveau des comportements. Il est vrai que nous voyons enfin les violences faites aux femmes mais quelle réelle prise de conscience profonde y-a-t-il eu ? A mon sens, aucune.

Après #MeToo et #BalanceTonPorc, à quand la révolution des comportements ?

Le philosophe Geoffroy de Lagasnerie affirmait sur France Inter que « les gens savent la vérité du monde. Ils savent qu’il y a de la domination, savent qu’il y a de l’exploitation, savent qu’il y a de la misère etc […] mais ils s’inventent des discours pour ne pas les voir, pour continuer à perpétuer l’ordre et faire sa vie avec bonne conscience ». Et c’est ce qu’a fait notre société, et c’est ce que nous les hommes avons fait et continuons à faire.

On dit des mouvements #MeToo et de #BalanceTonPorc qu’ils ont libéré la parole ; je pense qu’ils ont plutôt écrasé les discours de dénégation, l’abondance était telle que plus personne ne pouvait continuer à faire semblant. Tous ces discours que l’on se fait tous pour ne pas voir la violence du monde, ici le sexisme, n’ont pas pu tenir. Attention, cela ne veut pas dire que ces mouvements n’ont pas été des lieux, des opportunités, des moyens pour que des femmes puissent enfin dire la vérité des agressions et du sexisme de nos sociétés mais résumer ces mouvements à des simples moments de libération de la parole nous fait oublier que notre société est restée toujours sourde face à des femmes qui en parlaient pourtant bien avant.

Aux hommes de déconstruire leurs privilèges !

Le mythe de la virilité fait partie de ces discours de dénégation car si nous en sommes collectivement arrivés là c’est aussi en raison des rhétoriques que nous avons pu voir comme la rhétorique de la nature (cf épisode 2) ou encore celle de la diabolisation du sexe féminin (cf épisode 4). C’est le devoir de notre société de déconstruire ces mythes et je pense que nous les hommes, qui occupons des positions de domination, devons tout particulièrement apprendre à les déconstruire.

Parce que oui, dominants, c’est ce que nous sommes !  C’est par là que commence toute déconstruction. C’est par ceux qui profitent de ces dominations que ce travail doit être réalisé. « Check your privilege » comme on dit en anglais. Car c’est bien connu, les sexistes misogynes c’est toujours les autres, ce n’est jamais nous. Classique cette manière de se penser indépendant des structures qui régissent nos sociétés et nos actions. Mais la réalité est que les cercles de pouvoir sont majoritairement pour ne pas dire, totalement, masculins au point où sur des sujets profonds et d’importance tels que la PMA, la bioéthique, on le fait entre hommes…

Il faut pointer du doigt la norme et ce qu’elle engendre, montrer l’hégémonie masculine dans les sciences, les institutions de pouvoir, partout. Il faut le faire même si les réactions aux déclarations qui remettent en cause ces positions, ces privilèges peuvent parfois s’avérer décourageantes. Voyez par exemple celle de Gilles-William Goldnadel sur la chaîne d’information en continu CNEWS lorsqu’il réagit à l’expression «mâle blanc» utilisée par le président de la République.

Les hommes, toujours des privilégiés !

Nous voici noyés dans les larmes des dominants et cela s’est vraiment exacerbé depuis #BalanceTonPorc : des hommes qui se plaignent de ne plus pouvoir rien dire, que le mot « porc » est vraiment méchant et que «ouin ouin», maintenant, ils ont peur de parler et que « ouin ouin », bref des « male tears » qui coulent à flot (entendez, larmes de mâles !) Peut-être serait-il temps que les médias cessent de donner la parole à ce genre de tribuns ?

Car sachons raison gardée : malgré ces mouvements et leur écho, il n’y a pas eu de renversement de paradigme, l’oppression ne s’est pas inversée, les hommes ne sont pas à plaindre, ils ne l’ont jamais été. Il faut prendre conscience des privilèges avec lesquelles nous vivons, je le fais même en écrivant ces mots. En tant qu’homme, lorsque j’écris ou que je parle de féminisme, je suis applaudi. Jamais, je n’ai été harcelé sur les réseaux sociaux pour mes positions sur le féminisme mais je sais pertinemment que si une femme disait le dixième de mes propos, elle serait insultée de toute part. Lorsque j’écris ou parle sur le féminisme je suis « admirable« , les femmes sont jugées « détestables » et qualifiées d' »hystériques« . On dit de moi que je suis « intransigeant« , elles sont des « malbaisées« ; je suis décris comme « courageux« , elles sont « chiantes » et « cassecouille« . Je dirais même que je suis d’autant plus admirable, intransigeant et courageux qu’on refuse aux femmes de l’être. Il serait donc temps de déconstruire le sexisme avec lequel on s’accommode plutôt que d’aller sur tous les plateaux pour dire… que l’on ne peut plus rien dire ! D’ailleurs, certains parviennent même à le faire avec une certaine dose d’humour et d’ironie comme le comédien Bo Burnham avec sa chanson « Straigh White Man » surjouant l’homme blessé.

Il y a donc ceux qui vont verser leurs larmes de mâles faussement opprimés et il y a ceux qui ne font rien. Absolument rien face à l’hétéro-sexisme qui régit nos sociétés. Ils sont passifs sans savoir que la passivité est aussi un privilège. Qui peut se permettre d’être passif face au sexisme hormis les hommes ? En mettant en avant des grandes figures médiatiques d’engagement, une dichotomie se créé entre ceux qui seraient engagés et ceux qui ne le seraient pas. Pourtant, s’il y a un fossé, c’est surtout entre les engagés et ceux qui perpétuent les formes de domination et d’oppression masculines.

L’enfermement, une non réponse à l’oppression des femmes

Avant de conclure, je voudrais m’intéresser à la volonté de répression, à la réponse carcérale à la question du sexisme. Je prends ce sujet avec beaucoup de pincettes et je n’ai pas de réponse à apporter. Mais qu’est-ce qu’une société qui pense que c’est par la prison que l’on répond à une problématique socio-politique? De quoi une société qui crée ses violeurs, ses prédateurs sexuels et qui croit, ou plutôt qui fait croire, que la prison est la solution est-elle le nom ? « Ce n’est pas l’emprisonnement des agresseurs qui changera sa mentalité et qui lui apprendra qu’une femme est un être humain », écrit la Ligue des Droits de Femmes. La prison fait aussi croire que l’emprisonnement des prédateurs et des agresseurs va créer la la sécurité alors qu’elle ne créé en réalité qu’un sentiment de sécurité. Si le sexisme était une pathologie, la prison ne serait qu’un placébo. Il faut donc que notre société se pose la bonne question, non pas « Comment réprimer les agresseurs, les violeurs et les prédateurs sexuels ?» mais « Comment ne plus créer d’agresseurs, de violeurs ou de prédateurs sexuels ?».

C’est en réalité par une prise de conscience profonde des hommes, des dominants que la libération des femmes se fera, par la déconstruction du mythe de la virilité. Nous nous devons de nous défaire et le plus vite possible du mythe de la virilité car comme le dit Simone de Beauvoir « Personne n’est plus plus méprisant envers les femmes, qu’un homme inquiet pour sa virilité ».

Miguel SHEMA

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