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A Grenoble, des larmes, de la rage et des doutes après la mort d'Adam et Fatih - Bondy Blog
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Grenoble se verticalise en HLM silencieux en s’approchant du quartier du Mistral. Il est treize heures, les jeunes ne sont pas encore sortis des cours, et laissent à voir un quartier sur les os. Tout droit sorti d’une scène de western funeste, un gobelet en plastique roule au vent et circule entre les déchets qui fleurissent au sol. D’une façade brûlée de colère, on relève la tête pour entrevoir un bâtiment résidentiel en cours de destruction. Quartier visiblement déserté, tant par l’investissement public qu’à cette heure par ses habitants.

Le calme couvre une réalité tout autre. La mort d’Adam, 17 ans, et Fatih, 19 ans, lors d’une course-poursuite policière samedi 2 mars a provoqué l’éclatement de la colère du quartier du Mistral, dont ils étaient natifs, et d’autres quartiers populaires grenoblois. Ce mercredi, habitants du Mistral et Grenoblois de tous bords se sont réunis pour une marche blanche portée par un message simple, si souvent entendu : plus jamais ça.

Un organisateur de la marche met en garde les journalistes présents : « Vous, vous êtes là 3 minutes, vous rentrez chez vous ce soir, nous on vit ici depuis 50 ans et on espère continuer à y vivre. » La place se remplit progressivement, dans un silence lourd, saccadé par les cris des enfants sautant sur les îlots décoratifs bétonnés. Près de 2000 personnes se réunissent enfin et défilent dans le calme. Une habitante de Saint-Bruno, un quartier au nord du Mistral, est venue à la marche, voulant exprimer son soutien à un quartier « toujours ciblé », stigmatisé en somme.

Ces réactions de colère, on peut les comprendre

Ici, on a beaucoup de mal à croire à la version de la police. Selon cette dernière, Fatih et Adam étaient en excès de vitesse, roulaient sur le trottoir et brûlaient des feux rouges lorsque les policiers les ont pris en chasse. Ils auraient alors percuté un car, se tuant. L’avocat de la famille, Me Florent Giraud, tient une conférence de presse après la marche blanche. Il évoque des vidéos, des témoignages qui remettent en cause la version officielle. Rappelle que la course-poursuite est encadrée par la loi. Se justifiait-elle ici ? Il souligne que son usage est contre-indiqué  quand les personnes poursuivies sont en scooter, sans casque et/ou si elle met d’autres personnes en danger, des conditions toutes réunies dans le cas de Fatih et Adam.

De plus, l’avocat soutient que le quartier du Mistral étant une zone de sécurité prioritaire, la police connaît les jeunes et aurait probablement pu les interpeller plus tard, sans course-poursuite. Et puis, quid du car qui aurait percuté les deux jeunes ? Pourquoi a-t-il disparu ? Comme trop souvent, la version officielle semble incomplète, laissant le champ libre aux suspicions de bavure policière. L’avocat poursuit, répond sur les violences qui ont suivi ce drame : « Jusqu’à quel point l’autorité de police peut faire prendre des risques à deux usagers, et conduire un quartier dans un tel état d’émoi ? Ces réactions de colère, on peut les comprendre. »

Après la marche, après la conférence de presse, pas sûr que le sentiment d’injustice et de révolte soit vraiment retombé. Le calme temporaire a laissé place à de nouvelles émeutes dans la nuit. Et le lendemain, probablement la même scène, les mêmes questions, le même silence entre les tours verticales du Mistral. Dans l’incertitude que Fatih et Adam soient les derniers, la jeunesse du quartier hurle contre le silence.

Arno PEDRAM

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