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"Quand on vit au 15ème étage, quatre mois sans ascenseur ce n’est pas une vie" - Bondy Blog
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Pour que les bailleurs sociaux règlent au plus vite les problèmes d’habitat de leurs locataires, un collectif, né à Bobigny (93), se mobilise à chaque fois qu’ils sont sollicités par un particulier. Et ça marche. Reportage.

Fouad Ben Ahmed, 39 ans, directeur du pôle Démocratie locale à la mairie de Bondy, est un habitué des médias. Plusieurs articles lui ont été consacrés en 2013 quand il a neutralisé un homme armé dans un cinéma. Trois ans plus tard, il refait parler de lui quand la prestigieuse université de Cambridge dans le Massachusetts, aux Etats-Unis, lui décerne le Prix Joann Bendetson de la diplomatie publique, pour son travail associatif dans les quartiers populaires.

Aujourd’hui, c’est cette action qui lui vaut, encore une fois, quelques colonnes dans la presse. Il est un des initiateurs du collectif Plus sans ascenseur qui milite pour que les problèmes d’habitat dans les quartiers populaires soient réglés dans les meilleurs délais. « Quatre mois sans ascenseur quand on vit au 15e étagés avec poussette et enfants ce n’est pas une vie », clame-t-il. Le collectif ambitionne de s’attaquer à tous les problèmes qui minent le bâti « HLM », comme l’insalubrité ou le chauffage, mais l’acte fondateur du groupe c’est bien une panne d’ascenseur qui s’était éternisée.

Martine Fontaine, une habitante de 76 ans de la cité Karl Marx à Bobigny, coincée dans un fauteuil roulant, s’est retrouvée cloitrée chez elle pendant 45 jours, à défaut de pouvoir prendre les escaliers. Cette première mobilisation, suivie par les médias, a payé : 8 jours après la mobilisation du collectif, le bailleur a fait réparer l’ascenseur.

Depuis l’histoire de Martine, dès que Plus sans ascenseur  est sollicité par un particulier ou une association de locataires, le collectif se met en branle-bas de combat. Fouad Ben Ahmed assure qu’à chaque fois que ses comparses et lui sont intervenus – une quinzaine d’action affirme-t-il – la mobilisation a presque toujours payé.

Question qui fâche. « Même à Bondy ? ». Sur le chemin qu’il l’amène à une réunion de son collectif à Bobigny, la ville UDI où il a longtemps vécu, ce militant PS répond sans sourciller. « Je ne vais pas dire que tout est beau à Bondy, même si la ville est dirigée par le parti que j’ai choisi (ndlr PS). On m’a contacté pour un problème d’ascenseur. J’y suis allé en tant qu’agent de la collectivité, ce qui m’impose un devoir de réserve ». Fouad Ben Ahmed tient tout de même à préciser. « A Bobigny, lors d’une mobilisation, j’ai interpellé l’office HLM du département présidé par Stéphane Troussel, également président PS du Conseil départemental. Nous sommes du même parti, mais comme je ne suis pas soumis, dans ce cas précis, à un devoir de réserve, je n’ai pas hésité à le faire ».

Plan média rôdé

En arrivant à la réunion du collectif Plus sans ascenseur, dans un café proche du métro de Bobigny, un jeune homme dans sa voiture, garé sur le bas-côté, remercie Fouad Ben Ahmed. Massinissa, en fauteuil roulant, a pu être relogé dans un immeuble avec ascenseur grâce à l’action du militant. « Et au Bondy Blog qui en a fait un article », précise ce dernier.

Ce ne sont pas des remerciements adressés à notre feuille de chou. Après les formules d’usage, Fouad Ben Ahmed ouvre la réunion, en présence de plusieurs membres du collectif, et on comprend très vite que Plus sans ascenseur a une stratégie médiatique bien étudiée. « Vous pouvez ramener 500 personnes, en bas, aux pieds du bailleur, si demain il y a pas la photo de l’événement dans la presse, ils s’en fichent », clame Fouad. Martine, la dame âgée en fauteuil roulant, dont la situation est à l’origine du collectif, confirme. « Depuis tous ces articles, dès qu’il y a une panne, elle est réparée rapidement ». Evelyne, habitante de Bobigny, a rejoint le collectif parce que son travail d’aide soignante à domicile l’a confrontée aux problèmes d’ascenseur et de chauffage que vivent ses patients âgées. « A la cité Paul Eluard, une amicale de locataires a milité pendant plus d’un an et demi pour améliorer les choses. Ce qui a réglé le problème, c’est l’incendie d’un ascenseur et la médiatisation qui a suivi », raconte-t-elle.

La réunion se poursuit avec un compte rendu des actions à venir, dont une prévue devant un immeuble à Noisy-le-Sec, pour un problème de chauffage. Avant de faire intervenir les médias, une mobilisation du collectif commence toujours avec les réseaux sociaux. « Généralement, un particulier ou une amicale de locataires me contactent sur Facebook, précise Fouad, J’envoie alors un message au groupe. Une partie d’entre nous est mobilisable dans les 5 heures. On arrive sur place, on constate, on fait un commentaire sur notre mur qui est repris de façon virale. Cela fait une très mauvaise pub pour le bailleur qui réagit ». Si ce dernier persiste à faire la sourde oreille, une mobilisation est organisée avec présence des medias. « Et ça marche ! En très peu de temps le problème est réglé », affirme Fouad.

30 courriers sans réponse

Sans mobilisation, pourquoi est-ce que les bailleurs sociaux sont si longs à intervenir ? Lourdeurs administratifs ? Manque de volonté ? Désintérêt pour les conditions de vie des locataires ? « Je pense que c’est un peu des trois », confie Mohamed qui travaille dans l’action culturelle à Bobigny. « Le locataire est une variable d’ajustement, considéré comme un habitant de seconde zone. Mais nous pouvons être des acteurs de notre ville. Nos mobilisations fonctionnent. Il y a même eu un début d’embryon de réponse politique, puisque le collectif a été reçu au ministère du Logement ».

Quelques jours après cette réunion, Fouad Ben Ahmed se rend à Noisy-le-Sec, à l’invitation de Nadia Kadi, présidente de l’amicale des locataires de la cité Damoiselet-Brossolette qui l’accueillent en bas d’un immeuble. Cette dernière a fait appel au collectif « après que des personnes âgées m’ont alertée des problèmes de chauffage. Ils ont tellement froid qu’ils restent sous les couvertures toute la journée. En sonnant chez d’autres locataires, leurs invités m’ont affirmé qu’ils étaient obligés de garder leurs manteaux « .

Nadia a fait appel à Plus sans ascenseur après 30 courriers envoyés à Noisy-le-Sec Habitat. En vain. « La seule réponse que j’ai eue, affirme-t-elle, c’est après avoir posté un message qui a été relayé sur Facebook. Le bailleur m’a répondu que des relevés avaient eu lieu et qu’il jugeait les températures satisfaisantes ».

« Amener les médias, il n’y a que ça qui fonctionne »

Fouad Ben Ahmed a ramené un journaliste du Parisien avec lui. Stylo à la main, grelotant, il écoute Nadia Kadi faire un discours qui résume la situation devant 50 locataires, au pied de l’immeuble. A la fin de sa tirade, une rumeur circule dans la foule : Laurent Rivoire, maire UDI de la ville, inaugurerait un pavillon, rénové pour loger des joueurs de l’équipe locale de water-polo, en face de l’immeuble sous chauffé. Une masse compacte de locataires en colère improvise un sit-in. En vain, leur explique un moniteur de water polo, l’édile ayant quitté les lieux. Le Parisien a relaté l’événement. C’est peut-être un hasard mais quelques jours après, le chauffage a été augmenté dans l’immeuble. « Un geste pour les fêtes », d’après le bailleur cité par le quotidien, qui affirme respecter « les normes en vigueur ».

A la suite de cette mobilisation à Noisy-le-Sec, Fouad jure qu’il est  « pour régler les choses sans venir avec les cameras et les journalistes ». Mais il poursuit désabusé. « Il n’y a que ça qui fonctionne. La seule action qui n’a pas abouti c’était celle à Sevran, aux Beaudottes, parce qu’il n’y avait pas les médias ».

Le collectif pourra bientôt prendre sa revanche. Un homme de 74 ans, locataire d’un appartement aux Beaudottes, les a sollicités parce qu’il n’en peut plus d’attendre que son ascenseur fonctionne pour pouvoir organiser son déménagement. Une mobilisation est prévue ce lundi.

Idir HOCINI

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