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« Ingérable ! » de Yassine Belattar, parce que le rire peut être une thérapie - Bondy Blog
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Pour oublier un peu les derniers événements à Paris et gommer la morosité ambiante, Samir s’est rendu au Théâtre de Dix Heures, voir Yassine Belattar dans son spectacle « Ingérable ! ».

27 Novembre 2015. Deuxième vendredi soir après les attentas de Paris. Nous pressons le pas sur le Boulevard de Clichy, Djamboul, Petit et moi. Esquivant une pluie fine, après avoir lutté pour trouver une place aux abords de Pigalle, nous nous hâtons vers le Théâtre de Dix Heures. Dix heures, il l’est, passé de vingt minutes. Bien évidement nous sommes en retard à cause de Djamboul, qui a mis du temps à descendre de chez lui. Comme tous les jours, il fait la diva. Très coquet, une crête aiguise sa chevelure. Il bombe le torse et avance fier comme un coq, avec sa grande taille. En s’approchant de la voiture, il esquisse un sourire, comme pour se faire pardonner de cette longue attente.

Nous entrons enfin dans le théâtre, en s’excusant au passage de notre retard. Le spectacle a commencé depuis peu. Nous faisons irruption dans la salle pleine à craquer, prenons les premières places situées à notre droite afin d’éviter tout remue-ménage. Parfait, il y en a justement trois. Nous nous en emparons aussitôt avec le sentiment d’être de sacrés chanceux.

Manque de pot : à ce moment-là, Yassine Belattar, sur scène, décide d’éclairer la salle ! Nous ne sommes pas passés inaperçus. A peine sur nos culs sur les sièges que nous sommes la risée de tous ! Nous voici comme du pain béni ou du grain à moudre. Je sens qu’on est morts. « Il va se mettre sur nos côtes » me dis-je. Il nous vise plus qu’il nous regarde ! « Salut les gars, vous venez d’ou les racailles? » dit Yassine en s’adressant à nous. Petit rétorque : « Saint-Denis ! ». Oh la gaffe. Il nous a tué de rire tout le long du spectacle, celui-là.

« On peut rire de tout tant que c’est bien fait » me dit-on à la sortie du spectacle. D’ailleurs, à la fin, une poignée de main chaleureuse est offerte par l’humoriste à tout ceux qui sont venus jusque Paris pour rire un peu. Yassine aborde tout les sujets avec brio. Journaliste de formation, il ironise sur l’actualité dramatique de ces dernières semaines, pansant, soignant les maux, les plaies, par le rire. Un art qu’il maitrise parfaitement. L’artiste est doué, non seulement d’intelligence mais aussi de finesse, de subtilité. En véritable génie, avec son excellente répartie, il rebondit de blagues en anecdotes, nous mitraillant de vannes !

Les racailles, les bobos, les terros, les racistes, les bledars, les Blancs, les Arabes et les Noirs en prennent pour leur grade. Sans pitié, pas de quartiers. Yassine va à l’abordage de l’humour délicat et sensible. Grand pirate du rire, commodore de la vanne. Depuis la scène, il affûte son verbe de son sabre et nous prenons coups sur coups. Le public finit par s’écrouler. J’ai cette image de Djamboul, tout au long du spectacle, qui, après chaque vanne, n’a cessé dire que c’est un tueur.

Yassine Belattar, ce mec âgé de 33 ans, est originaire de la région parisienne. Plus qu’un artiste, c’est un homme engagé socialement. Il le témoigne par des projets concrets tels que la création du label « TDH » qui consiste à faire des auditions dans des villes comme Saint-Denis, les Mureaux ou encore Clichy-sous-bois, afin de donner la place à des jeunes pour qu’ils montent sur scène. Egalement intervenant en maison d’arrêt (oui, en prison, chez les Daltons), menant l’atelier stand-up à la MAH de Nanterre, Yassine fait du bien même aux exclus ! Aux détenus de s’évader par la vanne, et puis le rire peut être un vecteur de réinsertion.

Ce soir, Yassine arrive à dédramatiser le contexte ambiant. En ce moment, nous avons tous besoin de ce sacré concept. Un type qui travaille avec lui me dit : « cela nécessite une écriture particulière des textes afin que tous les cœurs soient à la fête. Rire de sujets sensibles, cela se fait avec délicatesse ». Yassine le fait avec prouesse. Le rire est une façon de protester contre l’horreur des dernières semaines, une forme de militantisme (« Stand up !», «Debout !») moderne, pacifiste et agréable.

Et pour la petite histoire, le Théâtre de Dix Heures, fermé depuis le mois de juin, était inauguré le triste soir du vendredi 13 novembre 2015. N’ayons plus peur de cette date et faisons un deuil via l’humour. Le rire peut être une thérapie. Continuons à vivre. Quant à moi, je vous encourage à aller voir ce spectacle.

Samir Benguennouna

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